Le Bouddha et son demi sourire
Cela fait six mois que j’ai reçu cet objet. A vrai dire, j’ai toujours détesté les Bouddha !
Autrefois, je les observais dans les rayons des supermarchés et aussi dans les grands magasins de décoration où je me suis aperçue que ces objets ont poussé comme des champignons. Ils défilaient comme des objets moches et imparfaits.
Une fois, dans un magasin à d’outils ménagers, j’observais ces objets qui se mélangeaient par tout et j’ai eu l’impression d’être dans une histoire des «schtroumfs». Des petits bustes s’imposaient sur les étagères névrotiquement organisées, puis des grands bustes s’associaient aux fleurs d’une façon vraiment grotesque. Leurs visages engloutis par le moulage, n’exprimaient pas l’expression de sérénité du Bouddha.
Il y a six mois que j’ai ressenti une autre sensation…Mes parents m’ont offert une boîte toute fleurie ancienne et numérotée, que j’ai ouverte soigneusement car le papier de la boîte était déjà vieux et délicat. La boîte était carrée et de son intérieur émanait une odeur de papier ancien déjà jauni par le temps, comme si elle me racontait une histoire. Dans la boîte, il y avait mon cadeau enveloppé de papier de soie, je l’ai ouverte délicatement et j’ai trouvé un Bouddha !
J’ai agonisé, pourquoi mes parents m’avaient offert un Bouddha ? Je supposais que devrais me calmer, encore et encore ! Je suis morte à ce moment-là !
Puis, quelque chose est né en moi en le regardant. Je voyais son demi-sourire, ses sourcils tranquilles et bien proportionnés, ses boucles de cheveux forgés comme des flottes. Et c’est à ce moment-là, que je me suis aperçue de sa beauté. Je me suis dit, d’un coup : Voilà un objet dans lequel l’âme de l’artisan est si présente ! Son sourire est si vrai qu’il me fait ressentir quelque chose : Un sentiment de paix, de gratitude et d’absence au monde.
